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Déboramia (System Deb)
17 août 2007

La honte suprême...

   Je viens à l'instant de me forger une réputation bizarre auprès de quelque-uns de mes voisins. La dame du premier et l'homme du quatrième. Ce matin c'était la femme de ménage et l'homme d'en face. Et le chat par la même occasion, mais lui il s'en moque.
    Même si ce n'est pas à sa place dans ce blog, il faut que je l'écrive, que je vous le raconte, car mon coeur bat si vite que j'ai besoin d'un défouloir que le café ne m'apporterais guère, au contraire.
L'ami avec qui j'étais au téléphone il y a à peine 10 mn a été le témoin direct sonore de la scène. Je suppose que lui aussi a du trouver ça absurde. Comme mon sauveur.

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Déjà ce matin, je suis restée 7mn dans cette cour. Léger retard au bureau à cause de ça. Et là, en rentrant, plus de 10 mn. Inccapable de bouger autrement qu'en tournant sur moi-même.

Je commence enfin à cet instant ou j'écris à respirer plus sereinement.
    Ca m'obsède, j'en rêve la nuit. Ca me paralyse. Quoi? Je vous en ai déjà parlé l'an dernier, à la même période...
Dans cette cour où je me figue, j'étouffe. Il y a des arbres et j'étouffe. Parce que quand il y a des arbres, elles sont là... elles m'attendent et me toisent depuis leurs cachettes ostentatoires.
    Au début, ça va. Plus la saison avance, plus elles se développent et prennent de la force. Au début, on ne les voit pas. Au début, elles restent parallèles au chemin. Comme si elles guidaient nos pas vers la porte de sortie.
    Puis ça se gâte...
  Fières de l'impact qu'elles peuvent avoir sur nous, guider nos pas ne leurs suffit plus. Il faut qu'elles se montrent devant nous et construisent leur trône afin que l'on s'incline devant elles. Devant nos yeux. Si tu ne t'inclines pas assez, le châtiment s'abattra sur ton visage.
Il y a toujours des gens que le châtiment n'arrête pas. Malgré lui, ils continuent leurs route. D'autres n'en sont pas capables, tremblottants, suffocants, pleurant sans raisons, envahi par des émotions qu'ils connaissent mais ne comprennent pas. Je fais partie de ceux-là.

    J'ouvre la porte, avance lentement en scrutant les moindres détails qui m'entourent comme si j'étais traquée. De plus en plus lentement car je l'ai vue. Là, devant moi. La même que ce matin. Et là, c'est fini. Le petit chat roux ou le téléphone ne suffisent plus à me déconcentrer. Je me sens vulnérable, envahie à la fois par un sentiment de colère, de honte et d'impuissance. Abbatue par mon sors, je n'ai d'autre choix que celui d'attendre sur place et jouer avec le chat, sous l'oeil méfiant de la voisine qui me regarde à intervalles réguliers à travers ces voilages fleuris.
    Parfois j'essaie, mais une envie de hurler me prends. Ma présence est déjà assez intrigante sans que je vienne en plus y ajouter des cris. Accroupie à ras du sol, mon sac de poivrons à la main, j'attends. Et e regarde autours de moi. En plus d'être là à me dominer, elle a une armée dont je découvre les membres au fur et à mesure de mon observation. Je suis encerclée.

    "Prends un bâton" me dit-on. Mais le bâton, il la touche. Et ce bâton, je le tiens, donc je le touche. Donc elle me touche. C'est comme ça. On ne discute pas avec un sentiment.
    Il est des croyances comme quoi en tuant sa victime on s'accapare sa force et son esprit. Elle qui est si forte à mes yeux devrait donc me rendre un peu de ma dignité perdue. Mais elle me terrifie et me fascine trop à la fois pour que je veuille inspirer ce sentiment à autrui. La tuer m'est donc impossible.

Et c'est là que la honte est la plus grande, que l'inferiorité explose au grand jour. Le moment ou j'entends la porte s'ouvrir derrière moi. Une lueur d'espoir dans les yeux, je le vois avancer. Grand. Plus grand que moi. Donc supérieur au trône. Signifiant que sans mon alerte, il aurait le châtiment. D'une voix timide je lui dit :

- bonsoir, euuh... attention il y en a une, juste là

- ou ça?

- juste devant vous, à droite

- ah! mais c'est rien ça!

    Et, d'un geste vaillant mais lent à la fois, il trancha les poutres du trône de mon placide agresseur, qui vint se rabattre tout en finesse et en légèreté dans les rangs, avec son armée. Prête à nous guider de nouveaux au lieu de nous barrer la route comme pour dire finalement "hé, j'existe, ne me marchez pas dessus! Regardez moi, ouh ouh, je suis là, je vous protège des moustiques, sans moi la terre serait une moquette grouillante! Remerciez-moi!"

    Sauf que moi je n'entends pas tout ce discour. Je suis juste consciente de ma lâcheté, d'autant plus quand le voisin rigole de m'entendre dire que j'attendais que quelqu'un passe parce que je suis arachnophobe.
    Il a du me trouver bien ridicule de passer ainsi derrière lui, tête baissée, comme si je me protégais d'une rafale de balles. Si ça avait été un ami, je lui aurait aggrippé le tee shirt, comme les enfants appeurés dans les dessins animés.

    Quel soulagement d'être rentrée. Temporairement, parce que je sais qu'elles reviennent. Non d'ailleurs, elles ne reviennent pas puisqu'elles ne sont pas parti. Elles sont toujours là, en bas, en pleins travaux. Elles m'attendent. Car elles savent que lundi matin je serais de nouveaux seule contre elles.

Si tout est dans ma tête, elles, elles sont bien dans le chemin.

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Commentaires
C
Si tu savais comme je te comprends !... Je suis pareille que toi. Mon arme suprême, c'est l'aspirateur. Mais à l'extérieur, ça se complique ! Quand je vivais au Japon il y en avait des énormes un peu partout, et surtout dans le local où je devais ranger et reprendre mon vélo tous les jours :(
H
je sais ce que c'est, j'ai une collègue au travail qui se prend des flip avec ça rien qu'en lui en parlant!
D
Marie Flo > Le plus étrange, c'est que ce film ne m'a fait aucun effet (hormis penser que je ne pourrais jamais être le scientifique, et que si ma grange avait une toile comme ça j'aurais appelé quelqu'un tout de suite pour l'enlever! Beurk! Les photos non plus. Bizarre... Mais tu as de la chance que ça t'ai réussi! Bravo!<br /> <br /> Elodie, > Au moins les serpents sont plus dangereux, donc ta peur est plus raisonnable. Mais pour l'impossibilité de marcher, je compatie...<br /> <br /> margot > Je suis ravie de t'entendre dire que ça ne se contrôle pas, parce que beaucoup pensent que je simule ou que j'en fais des tonnes... mais je ne contrôle pas ces tonnes!!<br /> Christ > C'est toujours rassurant de se dire qu'on est pas seule dans ce cas! Merci! Et j'avoue que pour la photo je n'étais pas seule, Nelf était avec moi!<br /> <br /> soso >Je vais de ce pas chercher ce qu'est une tarente, je ne vois pas! Mais rien que le nom n'a pas une connotation agréable...<br /> Merci du compliment concernant mon écriture, c'est gentil!<br /> <br /> gredine > Si c'est avec mon Nelf que j'aurais des enfants plus tard, ils auront peut-être la chance de tenir de lui sur ce côté là : il joue avec et m'en protège!<br /> <br /> khala > Moi j'aurais lâché toutes les framboises et serais partie à quelques mètres plus loin, en regardant d'un air dégoûtée les merveilleux fruits que je viendrais lamentablement de lancer partout...<br /> <br /> victoria > je n'arrive pas à les tuer. Je pense que ce n'est pas parce qu'elle ne me plaît pas qu'elle doit mourir. J'avais acheté du "bégon" l'an dernier mais n'en m'en suis servie qu'une fois. La voir se tordre sous l'effet du produit, malgré mon dégoût pour elle, m'a fait culpabiliser. J'ai eu honte de lui avoir ôté la vie alors qu'elle n'avait rien fait d'autre que de se trouver immobile sur mon chemin. Brrrr... immobile sur mon chemin...<br /> <br /> Cathy > j'ai aussi vu les effets du vertiges sur mon père, c'est impressionnant!<br /> barbichounette > Toi aussi! Décidément, je me sens de moins en moins seule :-)<br /> <br /> mayacook > depuis vendredi je n'ai pas eu à traverser seule, mais j'angoisse pour ce soir... comme ce matin il a plut, ça a cassé les toiles et j'ai pu passer, mais elles tissent vite...<br /> Caro > Un jour, une petit cousine de Nelf m'a lancé un mini-faucheux (1 cm de diamètre pattes comprises) pour rigoler, et je me suis mise à sangloter puis à pleurer, sans pouvoir bouger, pendant une dizaine de minutes. Quand une araignée me surprend, c'est fini. J'ai entendu dire qu'une thérapie consistait à aller dans une pièce ou se trouve une araignée dans une boite transparente, puis au fur et à mesure des séances , se rapprocher de plus en plus de la boite, puis enlever la boite, puis approcher la main. J'ai un ami qui a une mygale dans un vivarium, et ça m'arrive d'être assise à côté comme si ce n'était qu'un hamster. Mais je sais qu'elle est dans sa cage, ça doit être pour ça?<br /> <br /> chris > j'essaierais bien ton défi, mais je ne suis pas sûre d'y arriver... enfin je te tiens au courant! Tu as bien entendu au téléphone comment j'étais, alors imagine le reste...<br /> BlancheFabret61 > Moi aussi j'aimerais des réponses! Les 2 grosses tégénaires de la cave chez Alex, je les supporte, parce qu'elles sont toujours à la même place, donc ne me surprennent pas. Je sais qu'elles sont là. J'aime presque les regarder tant qu'elles sont immobiles. Mais la même araignée, si je la découvre en soulevant un drap, c'est fini, je ne peux pas dormir dans ce lit! <br /> <br /> CONCLUSION : <br /> Et pourquoi alors ces tégénaires - immobiles et à leurs place - ou cette mygale - dans son vivarium - ne me gênent pas trop et qu'un petit faucheux me fais tant d'effet? <br /> Je les hais mais ne peux les tuer. Y a t'il un psy sur mon blog?
B
Je suis également arachnophobe mais moins que toi puisque je peux prendre un faucheux (araignée à longues pattes ) dans la main et que j'aime les minuscules,celles qui prennent la couleur des fleurs sur lesquelles elles se promènent.Les grosses m'éffrayent certes mais je m'aperçois qu'en les examinant avec un zoom j'en ai moins peur...bizarre...a quoi donc correspond cette peur ? J'aimerais bien qu'un psy vienne nous donner la réponse .J'ai compatis à ta peur (Hihihi )
C
Pas simple à gérer, cette phobie.<br /> En France, les araignées ne peuvent pas grand mal physique à l'humain, elles ne sont vraiment pas à craindre. Mais évidemment, la phobie dépasse cette froide logique.<br /> Certaines personnes sont phobiques, d'autres absolument pas (mon frère a élevé des araignées pendant un temps, il s'amusait à les faire combattre et il leur donnait à manger des moustiques qui le piquaient la nuit !).<br /> Pour passer dans l'allée, tu pourrais peut-être couper une des extrémités du fil où est l'araignée ? (Dis-toi que c'est un défi ;))<br /> Je viens de lire pas mal de témoignages sur le net qui ressemblent pas mal au tien, mais peu de gens ont trouvé de réelle solution...
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